2024-11-12 |
Climat de solidarité |
VOL. 16 / NOVEMBRE 2024 · 2024-11-12 |
Mots-clés: changement climatique |
La COP29 vise un financement à la hauteur des enjeux climatiques.
Éoliennes à Zhangjiakou, dans la province du Hebei, au nord de la Chine, le 18 août 2023. (XINHUA)
La 29e session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP29) se tiendra du 11 au 22 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan. L’un des objectifs majeurs de cette rencontre sera de parvenir à un nouvel accord sur le financement climatique, dans lequel les pays riches s’engageront à soutenir financièrement les nations les plus pauvres et vulnérables afin de les aider à faire face aux effets du changement climatique. À cette occasion, CHINAFRIQUE s’est entretenu avec Chukwumerije Okereke, directeur du Centre pour le changement climatique et le développement à l’Université fédérale Alex-Ekwueme Ndufu-Alike au Nigeria et partenaire de l’initiative Allied for Climate Transformation by 2025 (ACT2025), pour recueillir ses perspectives sur les efforts conjoints de l’Afrique et de la Chine dans la lutte contre le changement climatique.
CHINAFRIQUE : Comment évaluez-vous les résultats de la COP28 ? Quels en ont été les moments marquants ?
Chukwumerije Okereke : La COP28, qui s’est tenue en 2023, a abouti à des résultats significatifs, notamment à travers le Bilan mondial (Global Stocktake, GST), un exercice révélateur de la réalité actuelle de l’action climatique. Ce bilan a permis d’évaluer les progrès mondiaux en matière de lutte contre le changement climatique et de soutien aux pays affectés. Le constat est sans appel : nous sommes loin d’atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris, et le temps presse. Le GST a clairement souligné la nécessité d’abandonner les combustibles fossiles et d’adopter de nouveaux objectifs ambitieux pour accélérer la transition. Il faut notamment tripler la capacité des énergies renouvelables, doubler l’efficacité énergétique et mettre fin à la déforestation.
Cependant, un Bilan mondial sans solutions concrètes ni soutien financier adéquat serait insuffisant. Les pays en développement auront besoin de milliers de milliards de dollars d’ici 2030 pour leurs actions climatiques. Déçus par la réponse internationale face aux catastrophes croissantes, ils insistent sur l’urgence de respecter l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris.
Comment évaluez-vous les efforts de la Chine dans la lutte contre le changement climatique ?
La Chine a déjà pris des initiatives pour rendre ses investissements à l’étranger plus écologiques et soutenir la lutte contre le changement climatique. En tant que premier producteur d’énergie solaire, elle joue un rôle crucial dans la transition verte. À l’avenir, elle pourrait intensifier son soutien aux pays vulnérables et accélérer sa transition vers la neutralité carbone.
Les attentes sont élevées, non seulement pour la Chine, mais aussi pour l’ensemble des pays du G7 et du G20. Ils doivent envoyer un signal clair cette année en renforçant leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN) pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. Ces CDN, attendues avant la COP30 en 2025, devraient fixer des objectifs de réduction des émissions pour tous les secteurs, en tirant les leçons du Bilan mondial.
Quel est votre avis sur le partenariat sino-africain dans la lutte contre le changement climatique ?
La Chine est non seulement un partenaire commercial majeur pour l’Afrique, mais également l’une de ses principales sources d’aide et d’investissements étrangers. En produisant plus de 80 % des énergies renouvelables mondiales, la Chine se trouve dans une position stratégique pour soutenir l’expansion des énergies propres et améliorer l’accès à ces ressources en Afrique subsaharienne.
Les résultats du récent Sommet 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine à Beijing témoignent de l’importance croissante de cette coopération pour bâtir un avenir durable et équitable sur le plan climatique. Nous constatons également des signes encourageants indiquant que la Chine s’engage à rendre ses investissements internationaux plus écologiques, tout en contribuant à l’avancée de l’action climatique et à la promotion de la justice environnementale à l’échelle mondiale.
Chukwumerije Okereke, directeur du Centre pour le changement climatique et le développement à l’Université fédérale Alex-Ekwueme Ndufu-Alike, au Nigeria. (COURTOISIE)
Quels sont les défis et opportunités auxquels la Chine et les pays africains sont confrontés dans la lutte contre le changement climatique ?
La Chine et l’Afrique doivent cibler les investissements en énergies renouvelables dans les régions où l’impact sera le plus fort, notamment en Afrique subsaharienne. Il est crucial d’adapter les projets aux contextes locaux pour répondre aux besoins en énergies propres, et de tenir compte des spécificités géographiques et culturelles.
De manière plus générale, la Chine et l’Afrique cherchent à concilier action climatique, sécurité énergétique et compétitivité économique à long terme. Cela nécessite une évaluation rigoureuse des risques, une planification basée sur différents scénarios et une approche pragmatique, fondée sur les tendances observables.
Quel rôle la Chine pourrait-elle jouer pour unir les pays en développement dans une lutte commune contre le changement climatique ?
La Chine, leader dans la réalisation des objectifs climatiques, peut jouer un rôle clé en unissant les pays en développement pour accélérer les progrès vers un avenir durable. En soutenant les nations vulnérables et en renforçant la coopération Sud-Sud, elle favorise un développement inclusif et oriente l’action climatique mondiale vers un futur plus propre.
La Chine s’est d’ailleurs affirmée comme un acteur clé en matière de justice climatique, notamment en soutenant le G77 lors de la COP27 pour l’établissement d’un fonds dédié aux pertes et dommages. Alors que la COP29 approche, la Chine a le potentiel de consolider son rôle de leader en plaidant pour des résultats ambitieux, notamment sur le Nouvel objectif collectif quantifié (NCQG) en matière de financement climatique, ainsi que pour la mise en œuvre immédiate du Fonds de réponse aux pertes et dommages (FRLD).
Quelles sont vos attentes pour la COP29 de cette année ?
À l’approche de la COP29, le consortium ACT2025 appelle à quatre priorités clés pour un avenir inclusif et durable, axées sur les besoins de justice financière et climatique des nations vulnérables :
Un financement climatique ambitieux est non négociable : La COP29 doit proposer un NCQG sur le financement climatique, aligné sur l’objectif de limitation à 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris, tout en reflétant les besoins réels des pays vulnérables. Ce NCQG doit couvrir l’atténuation, l’adaptation ainsi que les pertes et dommages.
Renforcer les efforts d’adaptation : Les pays en développement sont confrontés à des défis croissants d’adaptation climatique, insuffisamment pris en compte lors de la COP28. La COP29 offre une occasion cruciale de renforcer des plans d’adaptation inclusifs et bien financés.
Répondre aux pertes et dommages avec un soutien adéquat : Le nouveau FRLD doit être pleinement financé et opérationnel d’ici la COP29. Ce fonds n’aura d’utilité que s’il permet un accès immédiat et à grande échelle à des financements pour les pays en développement et les communautés vulnérables, sans ajouter de fardeaux.
Accélérer l’ambition et l’atténuation : En vue de 2025, les pays doivent adopter des trajectoires claires, centrées sur les personnes, pour éliminer progressivement les combustibles fossiles et assurer une transition juste vers un monde à zéro émission nette de gaz à effet de serre.
Les décisions de la COP29 et de cette décennie façonneront l’avenir de la planète. Agir maintenant est essentiel pour garantir financement ambition et développement résilient pour un avenir juste et durable.
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