2024-11-12 |
Gardiens de la Terre |
VOL. 16 / NOVEMBRE 2024 par LI XIAOYU · 2024-11-12 |
Mots-clés: changement climatique |
Une organisation non gouvernementale dédiée à la protection de l’environnement en Chine entreprend des actions visant à susciter l’engagement du public afin de faire face aux défis posés par le changement climatique.
Photo de groupe des participants à l’événement « Qu’est-ce que le changement climatique a à voir avec moi ? » du projet Linglong, à Beijing, le 20 septembre. (FRIENDS OF NATURE)
Les événements climatiques extrêmes se multiplient, rendant l’action pour le climat plus urgente que jamais. Pourtant, la question de la protection de l’environnement reste complexe à aborder dans le cadre des communications publiques. Beaucoup de personnes perçoivent encore le climat comme un défi réservé aux gouvernements et aux grandes entreprises, ce qui tend à minimiser l’importance de leur propre implication. Même parmi les citoyens sensibilisés aux enjeux écologiques et aux principes de durabilité, une certaine incertitude persiste quant aux actions concrètes à entreprendre. Il est donc indispensable de réfléchir à des moyens de sensibiliser et de mobiliser le public face à l’ampleur de la crise climatique.
Pour répondre à ce besoin, l’organisation non gouvernementale Friends of Nature (FON) a initié en 2021 le projet Linglong pour inciter les citoyens chinois à s’engager activement en faveur du climat. Depuis son lancement, ce projet a sélectionné 125 activistes climatiques parmi près de 1 000 candidats et a formé 70 d’entre eux à mettre en œuvre des actions concrètes dans divers secteurs. Sa directrice de la communication et de la marque, He Miao, indique : « Il est essentiel de sensibiliser le public à l’importance de l’action individuelle pour le climat. Même des gestes apparemment simples peuvent contribuer à un changement significatif. »
Un soutien précieux
Zhang Lei est l’une de ces activistes climatiques. En 2023, elle a participé à la quatrième phase du projet Linglong et a reçu un financement de 11 900 yuans (1 670 dollars) pour traduire en chinois un ouvrage français sur les sciences de l’environnement.
Éditrice de livres pour enfants, Mme Zhang avait remarqué un manque de connaissances et d’intérêt pour ces sujets chez les jeunes Chinois. C’est ainsi qu’elle a eu l’idée de traduire et de publier une bande dessinée de vulgarisation scientifique pour adolescents importée de France, intitulée 10 idées reçues sur le climat. En agissant ainsi, elle vise à aider les jeunes à appréhender les enjeux du changement climatique, déconstruire les idées reçues et les inciter à s’engager activement pour le climat.
Cependant, la réalisation de ce projet s’avère être un défi considérable. Bien que cet ouvrage adopte un ton humoristique et décomplexé, il se distingue par un contenu soigneusement documenté, fondé sur les recherches du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Les auteures, toutes deux expertes au sein de l’Agence française de développement, ont contribué à la complexité de la tâche de traduction pour Mme Zhang. Néanmoins, le projet Linglong lui a offert un soutien précieux.
Grâce à des formations spécialisées, elle a pu d’abord acquérir une base solide de connaissances sur le changement climatique et se familiariser avec le vocabulaire technique propre à ce domaine, ce qui a beaucoup facilité son travail de traduction. De plus, ses rencontres avec des climatologues et des experts en communication, organisées dans le cadre du projet, l’ont aidée à adapter le contenu au public chinois. Bien que le changement climatique soit encore un sujet relativement marginal en Chine, les encouragements des partenaires du projet Linglong ont renforcé sa conviction que son livre trouverait son audience, augmentant sa détermination à le publier. En avril de cette année, l’ouvrage a enfin vu le jour, suscitant un vif intérêt auprès des spécialistes et des jeunes lecteurs. Ainsi, Mme Zhang a apporté une contribution précieuse à l’éducation environnementale des jeunes en Chine.
Rester fidèle à son engagement initial
Pionnière de l’environnementalisme et du mode de vie durable en Chine, la FON a été fondée par un groupe d’intellectuels chinois dans le parc Linglong à Beijing, le 5 juin 1993. Depuis plus de trente ans, elle s’emploie à sensibiliser le public aux enjeux environnementaux les plus pressants en Chine. Historiquement, son action s’est principalement orientée vers la protection des espèces menacées, telles que les antilopes tibétaines et les singes à nez retroussé. De plus, elle met un accent particulier sur l’éducation environnementale à travers des camps, des excursions, la formation des enseignants, ainsi que par des campagnes de sensibilisation qui incluent des expositions photographiques et des publications.
Aujourd’hui, comparé à il y a trois décennies, lorsque la FON s’est engagée pour la première fois auprès du public, les événements climatiques et météorologiques extrêmes se multiplient à une cadence et avec une intensité alarmantes. Le changement climatique s’impose désormais comme l’un des plus grands défis de notre époque, redéfinissant les priorités environnementales. Consciente de l’ampleur de ce défi, la FON a intégré dans ses programmes une mission cruciale : sensibiliser, soutenir et autonomiser les acteurs de la lutte contre le changement climatique. Cette orientation est devenue une composante centrale de sa stratégie et un pilier de ses actions.
« C’est dans cette optique que nous avons lancé, en 2021, le projet Linglong », explique Mme He. « Ce nom fait référence à la pagode Linglong, berceau de notre organisation. Il nous rappelle notre engagement initial d’encourager l’émergence d’acteurs et de leaders citoyens engagés pour le climat, afin de répondre de manière plus efficace aux véritables enjeux liés au changement climatique. »
Un petit geste fait la différence
Le projet Linglong propose des cours en ligne sur les principes du climat, accessibles à tous les candidats. Pour ceux qui sont retenus après les entretiens, comme Mme Zhang, le projet offre un soutien complet. Cela comprend des formations, du mentorat, un appui communautaire et un financement pour les accompagner dans la mise en œuvre de leurs plans d’action et maximiser l’impact et l’efficacité de leurs initiatives.
Les 125 participants sélectionnés viennent d’horizons divers et leurs projets couvrent un large éventail de thématiques, telles que les éco-villages, l’économie circulaire, la gestion des déchets alimentaires et leur lien avec le changement climatique, entre autres.
Parmi les participants, se distingue l’enseignante Chai Qing, qui a élaboré un projet intitulé « La baguette magique de la nature », conçu pour sensibiliser les élèves à la protection de l’environnement à travers des contes. Grâce au soutien du projet Linglong, elle a eu l’opportunité d’enseigner dans une école située à Jinan, dans la province du Shandong. En collaboration avec ses élèves, elle a adapté dix récits sur le changement climatique en pièces de théâtre, approfondissant ainsi la compréhension des thèmes abordés. « Je ne pensais pas que les élèves pouvaient évoluer aussi rapidement », confie Mme Chai. « Après avoir discuté de l’origine du papier, ils ont commencé à utiliser le verso de chaque feuille une fois qu’ils avaient terminé d’écrire sur le recto. »
L’efficacité de ses enseignements relatifs au climat a attiré l’attention de l’établissement. « Le directeur a été étonné de constater qu’une seule leçon pouvait engendrer un tel impact et m’a demandé si je pouvais en dispenser d’autres », précise-t-elle, très fière de ce résultat.
Selon Mme He, la FON est profondément convaincue que l’éducation à l’environnement joue un rôle crucial dans l’éveil des consciences, et que cette prise de conscience est un vecteur essentiel de la participation citoyenne. « C’est par l’engagement de l’ensemble de ses citoyens que la Chine pourra atteindre son aspiration à une société en harmonie avec la nature », conclut-elle.
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