2024-11-12 |
Les mécaniques du climat |
par ZHANG JIANZHEN et LIN XIAOFENG · 2024-11-12 |
Mots-clés: changement climatique |
La Chine et l’Afrique, un tandem pour un avenir climatique plus serein.
Des gardes forestiers inspectent la forêt protectrice de la province du Gansu, dans le nord-ouest de la Chine, le 16 juin. (CNSPHOTO)
Le changement climatique représente un défi pressant pour l’humanité tout entière. En tant qu’acteur, contributeur et pionnier de la préservation écologique mondiale, la Chine s’engage fermement à promouvoir le multilatéralisme et à instaurer une gouvernance environnementale mondiale plus juste et équilibrée.
Avec ses vastes ressources et sa population croissante, l’Afrique, deuxième plus grand continent, fait face à des défis majeurs en matière de lutte contre le changement climatique et de protection de l’environnement. Ces défis sont amplifiés par des infrastructures technologiques et un développement socio-économique encore limités.
À travers l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) pour le développement vert, la Chine intensifie ses efforts pour favoriser la coopération autour des technologies climatiques. Ces actions soutiennent non seulement le développement écologique des pays participants à l’ICR, mais revêtent également une importance capitale pour la coopération et le progrès internationaux dans le contexte mondial actuel.
Coopération alignée
Le changement climatique figure parmi les principaux éléments des catastrophes naturelles qui frappent régulièrement l’Afrique, une des régions du monde les plus exposées aux désastres météorologiques. Les températures extrêmes, sécheresses et inondations y causent des ravages, aggravés par une capacité scientifique et technologique souvent insuffisante pour y répondre efficacement. En 2022, quelque 110 millions d’Africains ont été affectés par de sévères aléas climatiques, entraînant près de 5 000 décès, dont 48 % dus à des sécheresses et 43 % à des inondations, selon l’EM-DAT : The International Disaster Database. Le Centre africain pour la politique en matière de climat de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies projette que, de 2020 à 2030, les dommages économiques liés au climat pourraient atteindre entre 290 et 440 milliards de dollars à l’échelle continentale.
Outre ces impacts directs, l’Afrique est également confrontée à des catastrophes secondaires, telles que les épidémies de peste et la famine, exacerbant les crises humanitaires et les difficultés des réfugiés climatiques. De surcroît, l’Afrique subit les effets de l’hégémonie climatique imposée par les pays occidentaux.
Parallèlement, la Chine a accompli d’importants progrès dans sa lutte contre le changement climatique, une réussite partiellement attribuable à la diversité de ses zones climatiques. Influencé par la mousson d’Asie de l’Est dans ses régions orientales, et par une interaction entre cette dernière et les circulations atmosphériques d’ouest dans ses parties centrales et occidentales, le pays est confronté à une variété de défis climatiques. Les inondations prédominent dans les zones de mousson de l’est, tandis que les régions arides de l’ouest sont particulièrement touchées par la désertification et la dégradation des sols.
La Chine est fermement engagée à promouvoir un développement durable et à renforcer l’harmonie entre l’homme et la nature. Face aux catastrophes naturelles et aux défis environnementaux exacerbés par le changement climatique, le pays a adopté une série de mesures significatives. Parmi elles, le programme « Trois-Nord », qui englobe le nord-est, le nord, et le nord-ouest de la Chine, vise à ériger des barrières forestières pour contrer les tempêtes de sable induites par la sécheresse. Le programme « Grain for Green », quant à lui, est conçu pour restaurer les zones écologiquement fragiles où les terres agricoles rencontrent les prairies. En complément, la Chine a développé des modèles agricoles résilients, adaptés à la variabilité accrue des précipitations et aux changements climatiques.
La Chine a fait des avancées notables en recherche sur la surveillance climatique, la neutralité carbone, la qualité environnementale régionale et la restauration des écosystèmes. La vulnérabilité de son littoral aux émissions et aux combustibles fossiles a conduit à des actions ciblées pour réduire les gaz à effet de serre et stabiliser la température marine.
Un exemple éloquent de ces efforts est la Station nationale de surveillance écologique de Zhejiang Shanghuang qui, en partenariat avec l’Université normale du Zhejiang et l’Académie chinoise des sciences, surveille l’air, le sol et l’écosystème dans les montagnes du Zhejiang. Ce projet pionnier améliore la recherche sur la qualité écologique, la biodiversité et l’innovation pour la durabilité. Il offre des stratégies précieuses pour les pays partenaires de l’ICR, y compris ceux d’Afrique, pour lutter contre le changement climatique et promouvoir un développement durable.
Les participants au Programme 2024 de renforcement des capacités de la coopération Sud-Sud sur le changement climatique posent pour une photo de groupe à Chengdu, dans la province chinoise du Sichuan, le 19 septembre. (CNSPHOTO)
Un avenir prometteur
Les événements majeurs de 2024, dont le Sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine et le Forum Chine-Afrique des Think Tanks, soulignent la nécessité de renforcer la gouvernance verte internationale. La coopération sino-africaine en technologies climatiques s’impose comme un pilier pour une ICR verte, avec des mécanismes de coopération à long terme pour mieux répondre aux crises climatiques.
Pour développer ces mécanismes, il est crucial de combiner technologie, éducation et expertise humaine. En partenariat avec l’Union africaine et d’autres entités régionales, la Chine et l’Afrique peuvent lancer des projets éducatifs et de recherche significatifs. Ces projets tireront parti des ressources éducatives africaines et chinoises, favorisant les échanges académiques, le développement de talents et la création de pôles éducatifs. Ces efforts amélioreront non seulement l’apprentissage mutuel mais aussi la capacité de l’Afrique à gérer la gouvernance climatique, à s’affranchir de l’hégémonie climatique occidentale et à participer activement à l’élaboration de solutions durables.
La collaboration scientifique et technologique joue également un rôle déterminant dans le renforcement des capacités de mitigation du changement climatique. Malgré une prise de conscience accrue des impacts de l’exploitation excessive des ressources en Afrique, les capacités d’innovation et de financement restent limitées. La Chine, avec son expertise en gouvernance climatique, est prête à contribuer au renforcement des capacités africaines par le biais de centres de recherche communs et de conférences académiques régulières.
Il est crucial de concentrer la recherche sur les caractéristiques régionales spécifiques de la Chine et de l’Afrique pour mieux atténuer le changement climatique. Les techniques chinoises de lutte contre les tempêtes de sable pourraient aider à combattre la désertification en Afrique centrale et occidentale. De même, les méthodes chinoises de conservation des forêts et des sols pourraient soutenir la reforestation dans le cadre de la « Grande Muraille verte » africaine. Enfin, les approches chinoises de restauration écologique pour les sites miniers abandonnés pourraient inspirer des projets similaires en Afrique.
Zhang Jianzhen est vice-présidente et professeure à l’Université normale du Zhejiang.
Lin Xiaofeng est doctorant au Collège de géographie et des sciences de l’environnement à l’Université normale du Zhejiang.
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