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  2025-01-26
 

Les serpents du temps

VOL. 17 / FÉVRIER 2025 par LI YIN  ·   2025-01-26
Mots-clés: Fête du Printemps

Voyage dans les mythes et rituels du monde. 

Œuvres en papier découpé illustrant serpents et coutumes du Nouvel An lunaire, au Musée des Trois Gorges de Chongqing, le 13 janvier. (CNSPHOTO) 

Les contes mythiques de la Chine ancienne, les pratiques spirituelles de l’Afrique de l’Ouest, les tombeaux des pharaons égyptiens et les symboles emblématiques de guérison de la Grèce antique témoignent de l’importance du serpent dans le tissu des cultures humaines. Incarnant fertilité, sagesse, guérison ou encore mystère, le serpent continue d’inspirer et d’intriguer à travers les âges. 

À l’aube de l’Année chinoise du Serpent en 2025, il est particulièrement pertinent d’explorer les rôles profonds et variés que cette créature symbolique joue au sein des mythes et des cultures des civilisations à travers le monde.  

Anthropomorphisme serpentin 

Dans l’ancienne civilisation chinoise, le serpent occupait une place de choix au sein du panthéon symbolique. Sa vénération remonte aux tout premiers cultes totémiques. Le Classique des montagnes et des mers, un texte ancien, recense 58 tribus totémiques, dont huit rendaient un culte au serpent. Ce texte regorge de représentations de divinités ophidiennes, témoignant de leur importance dans la mythologie chinoise. 

Parmi les figures marquantes, on trouve Fuxi et Nyuwa, souvent décrits avec un buste humain et une queue de serpent. Ce frère et cette sœur, considérés comme les ancêtres de la civilisation chinoise, sont les protagonistes d’un mythe de survie à une grande inondation. Chargés de repeupler la Terre, ils modelèrent des figurines en argile qu’ils animèrent grâce à des pouvoirs divins. 

Outre Fuxi et Nyuwa, d’autres personnages mythiques, tels que Gonggong et Zhulong, arborent des traits serpentins, reflétant le respect profond des Chinois pour les forces de la nature. À travers les âges, les représentations des serpents ont évolué dans la littérature et l’art chinois, notamment pendant les périodes des dynasties des Wei (220-265), des Jin (265-420), ainsi que du Sud et du Nord (420-589), où les serpents étaient fréquemment anthropomorphisés. Des récits comme celui de Huang Bai Er She dans le Sou Shen Er Ji et la célèbre Légende du serpent blanc illustrent cette évolution, intégrant de plus en plus d’émotions, de désirs et de vertus humaines à ces créatures autrefois exclusivement symboliques.  

Entre Nil et vaudou 

En Égypte antique, la présence omniprésente des serpents, aussi bien dans les marécages du Nil et son delta que dans les étendues désertiques, a naturellement conduit à leur intégration dans des contextes religieux. Considérés comme des forces primitives et puissantes, les serpents étaient au cœur de nombreux mythes et croyances. Le dieu serpent Sito, mentionné dans le Papyrus d’Ani, symbolisait les forces créatrices de la vie primordiale. Vénéré comme un esprit créateur, Sito était perçu comme l’architecte de l’univers, entrelaçant son essence à travers le cosmos pour en assurer la garde et le soutien. De plus, l’ouroboros, représentant le serpent primordial Sata encerclant le monde, incarnait la protection contre les forces cosmiques hostiles. 

L’importance des serpents se manifestait aussi dans la symbolique royale égyptienne, où les pharaons arboraient des insignes ornés de motifs serpentins, tels que le cobra sacré sur les couronnes et les sceptres, symboles d’autorité et de protection divine. Le Sphinx de Gizeh, coiffé du serpent « Khepri », renforce encore cette connexion profonde entre la royauté et la symbolique serpentine. 

À des milliers de kilomètres de là, au Bénin, les serpents occupent également une place prééminente dans les croyances et les pratiques spirituelles, notamment dans le vaudou, religion répandue dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, tels que le Ghana, le Togo et le Bénin. À Ouidah, ville portuaire béninoise, les pythons sont vénérés comme des êtres sacrés. La divinité Mami Wata, souvent représentée en sirène ou en charmeuse de serpents, symbolise la puissance et le mystère de la mer. Sa statue, érigée à l’entrée du temple Python, marque le cœur du culte vaudou dans la région. Ici, les serpents, libres de circuler dans la ville, sont respectés comme des invités de marque, et il est strictement interdit de leur nuire. Les pythons décédés sont même enterrés dans des cimetières spéciaux, témoignant du lien spirituel indélébile que la communauté entretient avec ces créatures. 

Symbole de guérison 

Les serpents, symboles de guérison et de renouveau, occupent une place significative dans l’art rupestre d’Afrique australe, où leurs motifs sont associés à la santé, au rajeunissement et à la transformation. Selon certaines traditions, ils sont même vus comme des porteurs d’eau, essentiels à la fertilité et à la vie. Leur capacité à muer leur peau les a longtemps liés aux idées de renaissance et de métamorphose. 

En Grèce antique, les serpents étaient considérés comme des symboles puissants de médecine et de guérison. Le bâton d’Asclépios, caractérisé par un serpent enroulé autour d’une tige, trouve son origine dans le mythe d’Asclépios, héros et divinité de la médecine. Ce symbole est aujourd’hui encore omniprésent dans les emblèmes de nombreuses institutions médicales, y compris celui de l’Organisation mondiale de la santé. 

Selon une légende, Asclépios a un jour observé un serpent qui utilisait des herbes pour ressusciter un congénère. Inspiré par cette scène, il a découvert les propriétés curatives cachées de la nature, qu’il a utilisées pour ramener un homme à la vie. Dans une autre anecdote, après avoir guéri un serpent, celui-ci, en signe de gratitude, lui a révélé les secrets des arts de guérison, incitant Asclépios à adopter le serpent comme emblème de son pouvoir curatif. 

À travers des mythes en Chine ancienne, des rituels en Afrique de l’Ouest, des symboles dans les tombeaux égyptiens, jusqu’aux icônes de santé en Grèce, le serpent tisse son chemin dans l’imaginaire collectif de l’humanité. Qu’il incarne la fertilité, la sagesse, la guérison ou le mystère, le serpent continue d’inspirer et d’intriguer. La célébration de l’Année du Serpent nous rappelle le symbolisme profond et interconnecté qui unit diverses cultures à travers l’histoire, témoignant de la fascination universelle pour cette créature énigmatique. 

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