2025-03-03 |
Un printemps éblouissant |
VOL. 17 / MARS 2025 par LI XIAOYU · 2025-03-03 |
Mots-clés: Fête du Printemps ; vente contre reprise ; IA ; patrimoine culturel immatériel |
Bilan des performances économiques durant les congés du Nouvel An chinois.
Spectacle de drones à Chongqing, le 26 janvier. (VCG)
La première Fête du Printemps depuis son inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO a suscité un engouement international sans précédent. Ce festival traditionnel, parfaitement intégré à l’économie moderne, incarne aujourd’hui un moteur essentiel de la croissance endogène chinoise. Les chiffres en témoignent : 2,3 milliards de déplacements interrégionaux et un box-
office record de 9,51 milliards de yuans (1,3 milliard de dollars) durant les congés du Nouvel An chinois, du 28 janvier au 4 février. Véritable baromètre économique, cette période festive offre une occasion unique d’observer les dynamiques économiques en Chine.
Un ancrage culturel renforcé
Les éléments du patrimoine culturel immatériel ont occupé une place centrale dans les habitudes de consommation durant les festivités. Chapeaux de danse du lion, lanternes de l’Année du Serpent, estampes de Nouvel An : ces objets festifs ont séduit les consommateurs, immergés dans une atmosphère vibrante. JD.com, l’une des principales plateformes d’e-commerce, a enregistré une hausse de plus de 120 % des recherches liées au caractère fu (bonheur), aux papiers découpés et aux lanternes multicolores par rapport à l’année précédente.
Mais au-delà du commerce en ligne, l’attrait pour la culture traditionnelle s’est également manifesté sur le terrain. Le ministère de la Culture et du Tourisme a mis en place 31 itinéraires dédiés au patrimoine culturel immatériel et organisé près de 7 000 activités associées. Des lanternes géantes de Zigong (Sichuan) aux danses Yingge de Shantou (Guangdong), en passant par les spectacles de marionnettes de Quanzhou (Fujian), le tourisme culturel a connu un essor remarquable.
Selon Meituan, une autre grande plateforme chinoise, les recherches liées au tourisme de la Fête du Printemps ont bondi de 168 % sur un an, tandis que celles concernant les expériences et l’artisanat du patrimoine immatériel ont explosé de 387 % et 790 %. Fait notable, 40 % de ces requêtes émanaient de jeunes nés après l’an 2000.
« Les produits et activités liés au patrimoine culturel immatériel redonnent à la jeune génération le goût des traditions, renforcent l’identité culturelle et encouragent une consommation plus durable », explique Yang Hong, directrice du Centre de recherche sur la communication du patrimoine culturel immatériel de l’Université de communication de Chine.
Une rue commerçante de Haikou, dans la province de Hainan, s’illumine, plongeant la ville dans l’ambiance festive de la Fête du Printemps, le 11 janvier. (VCG)
Une touche technologique
Les nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle (IA), ont apporté une dimension contemporaine au folklore. Dans l’arrondissement de Haidian, à Beijing, des musiciens automatisés ont joué sur des instruments électroniques, tandis que des bras robotisés réalisaient des calligraphies traditionnelles sur du papier rouge. La première foire de l’IA de la capitale, organisée du 30 janvier au 3 février, a ainsi modernisé des pratiques millénaires.
Cette innovation n’est pas isolée. À Shenzhen (Guangdong), la danse du lion s’est réinventée grâce à une fusion entre danseurs en costume et lions mécaniques. Sur le mont Taishan (Shandong), des dispositifs robotiques d’assistance, combinant ergonomie avancée et IA, ont facilité l’ascension des personnes âgées et à mobilité réduite.
« Ces célébrations, revitalisées par les nouvelles technologies, révèlent au monde le romantisme et la richesse de la Fête du Printemps », souligne Lin Jifu, professeur à l’Université Minzu de Chine.
Vente contre reprise
En parallèle, le programme national d’échange de biens de consommation a connu un franc succès pendant les festivités, jouant un rôle clé dans la relance de la consommation. À Changsha (Hunan), les magasins de smartphones ont été pris d’assaut par des clients séduits par les subventions accordées pour l’échange de leurs anciens appareils. Yu Huang, un consommateur local, témoigne : « Mon ancien téléphone a été estimé à plus de 1 700 yuans (234 dollars), et grâce à la subvention nationale de 500 yuans (69 dollars), j’ai pu bénéficier d’une réduction totale de plus de 2 200 yuans (303 dollars), ce qui représente un avantage considérable. »
D’après la Commission nationale du développement et de la réforme, les ventes de voitures, d’appareils électroménagers, de meubles et de téléphones portables dans le cadre de ce programme ont atteint 8,6 millions d’unités, générant plus de 31 milliards de yuans (4,3 milliards de dollars). Les ventes d’appareils électroménagers et de téléphones portables ont respectivement bondi de 166 % et 182 % en glissement annuel. Cette tendance a dynamisé le marché et insufflé une énergie significative à l’économie.
Des convives se régalent de spécialités chinoises lors de la célébration de la Fête du Printemps à Nairobi, au Kenya, le 24 janvier. (XINHUA)
Un rayonnement international
La Fête du Printemps ne se limite plus aux frontières de la Chine : elle rayonne désormais à l’échelle mondiale. Un cinquième de la population mondiale célèbre cette tradition. Aux Émirats arabes unis, le Burj Khalifa a offert un spectacle de lumières et de lasers pour marquer l’événement. En Afrique du Sud, Sun City a organisé, pour la troisième année consécutive, des festivités qui ont attiré plus de 1 200 touristes chinois.
L’afflux de visiteurs étrangers en Chine a également progressé grâce aux mesures d’exemption de visa, enregistrant une hausse de 22,9 % par rapport à l’année précédente pour atteindre 958 000 voyages transfrontaliers, selon l’Administration nationale de l’immigration. Les paiements effectués via China UnionPay et NetsUnion par ces visiteurs ont grimpé de 90,49 % sur un an. En parallèle, les touristes chinois ont exploré plus de 2 100 villes à travers le monde, soit une augmentation de 50 % en glissement annuel, selon Qunar, une plateforme de voyage chinoise.
En réalité, la robustesse de l’économie chinoise a captivé l’attention internationale bien avant les célébrations. En décembre dernier, Sanofi, le géant pharmaceutique français, a signé un protocole d’accord pour investir près d’un milliard d’euros (1,05 milliard de dollars) dans un nouveau centre de R&D à Beijing. Début janvier, le Fonds monétaire international a révisé à la hausse ses prévisions de croissance pour l’économie chinoise en 2025, tandis que plusieurs organismes internationaux ont publié des analyses prospectives sur l’investissement mondial, reflétant un optimisme renouvelé envers la Chine.
L’Année du Serpent s’ouvre sous les auspices d’un « carnaval économique » d’une envergure inédite, laissant présager un avenir prometteur.
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