2025-04-03 |
Les hauteurs du changement |
VOL. 17 / AVRIL 2025 par GITONGA NJERU · 2025-04-03 |
Mots-clés: toits écologiques chinois ; Kenya |
Philip Katuve, propriétaire d’un complexe résidentiel de six étages situé à Kileleshwa, à Nairobi, a adopté une toiture écologique il y a deux ans. Son immeuble arbore désormais un luxuriant jardin sur le toit, équipé de panneaux solaires, fournissant de l’énergie aux 24 logements.
« Initialement, l’investissement semblait onéreux, mais les bénéfices à long terme se sont avérés extraordinaires », explique M. Katuve. « Nous avons vu une diminution de 40 % des dépenses énergétiques, et les résidents apprécient la fraîcheur maintenue dans le bâtiment durant les périodes de sécheresse. »
La décision de M. Katuve a été encouragée par les incitations gouvernementales. Le Code du bâtiment du Kenya promeut désormais la construction durable en offrant des allégements fiscaux aux promoteurs qui adoptent des solutions d’énergies renouvelables.
Horizon solaire
Les centres urbains du Kenya subissent une métamorphose, les toits écologiques transformant radicalement les horizons urbains. À Nairobi, des acteurs chinois tels que Hanergy et Sangobuild mènent cette révolution en déployant des technologies photovoltaïques avancées intégrées à l’architecture.
Ces innovations ne répondent pas seulement à l’accroissement de la demande énergétique de la ville ; elles redéfinissent également la durabilité urbaine, s’inscrivant dans les ambitions de la Vision 2030 du Kenya pour les énergies renouvelables. Hanergy, par exemple, a introduit des panneaux solaires à couches minces qui s’harmonisent esthétiquement avec les toitures, tout en optimisant la production énergétique. Sangobuild a déjà installé plus de 300 de ces installations innovantes dans des quartiers de Nairobi tels que Kileleshwa, Westlands et Kilimani.
Aden Duale, secrétaire de cabinet du ministère kényan de l’Environnement, du Changement climatique et des Forêts, souligne l’importance de ces technologies face aux défis écologiques et économiques. « Grâce à la coopération avec la Chine sur une technologie solaire pilotée par l’IA, le Kenya se positionne en pionnier des énergies renouvelables en Afrique », conclut-il.
De son côté, Nazra Nanda, de la Kenya Green Building Society, souligne le double avantage de ces toits. « Ils absorbent les rayons du soleil, réduisant la température des bâtiments jusqu’à 6°C. En parallèle, l’IA optimise la production solaire, permettant aux résidents d’économiser sur l’électricité tout en renforçant la durabilité », explique-t-il. Selon l’Institut de recherche médicale du Kenya, ils réduisent la pollution de l’air et abaissent les températures, améliorant ainsi la qualité de vie des habitants.
Défis et opportunités
Bien que prometteurs, les toits écologiques rencontrent plusieurs obstacles à leur adoption. Les coûts initiaux élevés dissuadent de nombreux développeurs, tandis que la méconnaissance de la technologie freine son expansion. « Le gouvernement et le secteur privé doivent investir dans l’éducation et la formation », insiste M. Nanda, suggérant que des ateliers et des projets pilotes pourraient mettre en lumière les bénéfices tangibles de ces systèmes et encourager davantage d’acteurs à s’engager.
M. Duale renchérit, soulignant l’importance des partenariats public-privé. « En collaborant avec des firmes internationales telles que Hanergy et des organisations locales comme la Kenya Green Building Society, nous pouvons catalyser l’adoption et surmonter les barrières financières et techniques », explique-t-il.
Que ce soit pour atténuer la chaleur ou réduire les coûts énergétiques, les toits écologiques redéfinissent le paysage urbain kényan. Soutenus par les politiques publiques, l’innovation et les acteurs locaux, ils joueront un rôle clé dans l’avenir des énergies renouvelables au Kenya. Comme le souligne M. Duale, « ces toitures allient technologie, durabilité et vision. Elles transforment nos villes, tant visuellement que dans notre façon d’y vivre. »
Un appel à l’action
Pour que le Kenya puisse pleinement réaliser les ambitions de sa Vision 2030, il est crucial que les toits écologiques évoluent du statut de nouveauté à celui de norme. La collaboration entre les innovateurs chinois, les décideurs politiques kényans et les communautés locales est en train de devenir un modèle exemplaire de développement urbain durable.
Avec ces efforts conjoints, Nairobi est sur le point de rejoindre le cercle des villes mondiales reconnues pour leurs infrastructures intelligentes et durables, démontrant ainsi que l’innovation peut aller de pair avec une gestion environnementale efficace. D’autres grandes villes africaines, telles que Kampala, Cocody, Kigali, Durban, Johannesburg, Le Cap, Lagos, Abuja, Dakar et Le Caire, adoptent également des toitures écologiques.
Des recherches menées par le Département d’architecture de l’Université de Nairobi indiquent que les toits solaires intelligents réduisent les coûts énergétiques, améliorent l’efficacité des bâtiments et contribuent à un développement urbain durable. Leur intégration dans les concepts de villes intelligentes a le potentiel de révolutionner la consommation énergétique, de soutenir l’adaptation climatique et d’inspirer un avenir plus durable.
Guo Haiyan, ambassadrice de Chine au Kenya, affirme : « En intégrant l’IA aux toits écologiques alimentés par l’énergie solaire, nous créons des solutions durables qui exploitent l’énergie propre et améliorent les environnements de vie urbains. La Chine est déterminée à partager son expertise en matière d’innovation énergétique renouvelable, et à travailler de concert avec le Kenya pour bâtir un futur plus durable et plus intelligent pour tous. »
Reportage du Kenya
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