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  2025-06-03
 

Le serment de soigner, le pouvoir de transmettre

VOL. 17 / JUIN 2025 par EDWIN NYIRONGO  ·   2025-06-03
Mots-clés: lutte contre le cancer du col de l’utérus ; Malawi

Du Shumin (au centre) examine l’évolution de la convalescence d’une patiente au MCH. (COURTOISIE)

Pour de nombreuses personnes, et tout particulièrement pour les femmes de l’Hôpital central de Mzuzu (MCH), dans la région Nord du Malawi, le nom de Du Shumin est à la fois familier et empreint d’un profond respect. Ce renom, elle le doit à son expertise dans le traitement du cancer du col de l’utérus, mais surtout aux nombreuses femmes qu’elle a aidées.

Obstétricienne et gynécologue, la Dre Du faisait partie de la 11e équipe médicale envoyée par la Chine au Malawi en janvier dernier. Elle a été affectée au MCH.

Towela Banda, 32 ans, originaire de l’autorité traditionnelle de Mabilabo, dans le district de Mzimba (région Nord), est l’une de ces survivantes. Lorsque toutes les voies semblaient closes, elle s’est tournée vers le MCH, portée par un espoir fragile. Elle savait qu’un grand nombre de patientes attendaient d’être soignées et que les médecins manquaient cruellement. Ses proches l’avaient d’ailleurs mise en garde contre une attente vaine. « Malgré leurs avertissements, je n’avais pas d’autre choix : il n’y avait aucun médecin compétent dans l’hôpital de ma localité », confie-t-elle. Quelques jours plus tard, à la stupéfaction générale, elle regagnait son village, guérie.

Un souffle nouveau

La guérison de Mme Banda a suscité l’étonnement, sauf pour Doris Kayambo, cheffe du service de gynécologie-obstétrique du MCH. « J’étais la seule gynécologue de l’hôpital, ce qui rendait la tâche extrêmement difficile. Il faut savoir que le MCH est un hôpital de référence non seulement pour toute la région Nord, mais aussi pour certaines zones de la région Centre. Une seule personne ne peut porter une telle charge », explique-t-elle.

Mais avec l’arrivée de la Dre Du, les choses ont changé. « Dès ses premiers jours, elle s’est investie pleinement. Son engagement est total, et depuis, elle soigne les patientes sans relâche », poursuit la Dre Kayambo. « Je collabore avec les équipes médicales chinoises depuis huit ans, mais son arrivée a marqué un tournant, notamment en matière de capacités. C’est probablement ce qui a permis à Mme Banda de rentrer chez elle plus tôt que prévu. »

Auparavant, l’hôpital ne disposait pas d’un service d’oncologie digne de ce nom. Depuis, les choses ont évolué. « Grâce à la Dre Du, j’ai pu me former à des interventions complexes comme l’hystérectomie radicale pour le traitement du cancer du col de l’utérus », ajoute-t-elle. « Le Malawi connaît l’un des taux les plus élevés au monde pour ce type de cancer, et le manque de gynécologues est un obstacle majeur. D’autant que l’hystérectomie radicale est une procédure délicate, nécessitant une formation approfondie. »

Une formation médicale précieuse

Mais la Dre Du ne se contente pas de soigner : elle enseigne, elle transmet. Sa mission est aussi de renforcer les compétences locales.

Outre la formation à la chirurgie, la Dre Kayambo a appris à mieux diagnostiquer les stades du cancer et à orienter les patientes entre chirurgie et chimiothérapie. « Depuis l’arrivée de la Dre Du, nous réalisons deux hystérectomies radicales par semaine. J’ai ainsi bénéficié d’un encadrement personnalisé très enrichissant », explique-t-elle.

Le succès croissant de ces interventions attire des patientes de plus en plus nombreuses. « Certaines viennent même de l’étranger. Récemment, une patiente zambienne, Justina Moyo, a été opérée ici au MCH », indique la Dre Kayambo.

La Dre Du, quant à elle, a dû adapter sa pratique aux réalités du terrain : manque d’équipements, ruptures de médicaments, absence de radiothérapie… « Le Malawi reste un pays en développement, confronté à d’importantes contraintes en matière de santé. Je me suis donc investie corps et âme dans les soins cliniques de base », explique-t-elle.

Dès les premières semaines, elle a constaté l’ampleur de la crise sanitaire liée au cancer du col de l’utérus. Le recours quasi exclusif aux traitements conservateurs, faute d’accès à la radiothérapie ou à la chimiothérapie, la pousse à proposer la chirurgie comme alternative. Mais elle sait qu’elle ne peut agir seule. « Il m’a paru évident qu’il fallait former les médecins locaux aux techniques avancées. J’ai donc lancé des formations, répondant aux questions, partageant mon expérience et mes connaissances », raconte-t-elle.

Ces formations quotidiennes ont permis non seulement de renforcer les compétences du personnel médical, mais aussi de créer une véritable solidarité professionnelle. Aujourd’hui, après près de dix mois, la Dre Kayambo maîtrise cette chirurgie et la pratique en autonomie.

La Dre Du poursuit ses formations, élargissant le champ aux autres actes gynécologiques complexes. À ce jour, près de 80 hystérectomies radicales ont été réalisées, ainsi que quatre chirurgies de stadification pour des cancers de l’endomètre et deux cytoréductions pour des cancers de l’ovaire.

Au-delà des vies sauvées, c’est tout un service qui a été transformé, désormais prêt à poursuivre cette mission même après le départ de l’équipe médicale chinoise.

Dans cette dynamique, un protocole d’accord a été signé à la mi-juillet dernier entre le ministère malawien de la Santé et la Commission nationale de la santé de Chine. La signature a réuni la ministre malawienne de la Santé, Khumbize Kandodo Chiponda, et l’ambassadeur de Chine au Malawi de l’époque, Long Zhou.

Selon Mme Chiponda, l’accord vise à renforcer des secteurs clés comme la gynécologie-obstétrique, en facilitant la coopération entre l’Hôpital central de Kamuzu et l’Hôpital affilié n° 1 de l’Université Jiaotong de Xi’an, dans la province du Shaanxi. 

Reportage du Malawi

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