La coopération entre le Hubei et l’Afrique : un modèle de la coopération sino-africaine. 

Le pavillon du Hubei à la 4^e EECSA, sur 252 m², met en avant les réalisations de la coopération Hubei-Afrique, le 15 juin. (HU FAN) 

Le groupe Citygreen Sports (CGS), fournisseur de gazon synthétique, a trouvé dans la dernière édition de l’Exposition économique et commerciale sino-africaine (EECSA) une tribune idéale pour accroître sa visibilité. « L’Afrique est l’un de nos principaux marchés. Cette exposition nous permet de présenter davantage nos produits à nos amis africains et d’entrer en contact avec certains représentants gouvernementaux pour discuter de projets », a partagé Wu Huan, directrice régionale pour l’international du groupe, à CHINAFRIQUE. Basée à Shishou, dans la province du Hubei, l’entreprise a notamment fourni le gazon synthétique du stade national d’Éthiopie, seul terrain du pays certifié par la FIFA. 

À l’image de CGS, de nombreuses entreprises du Hubei ont fait le déplacement avec une ambition partagée : tisser des liens durables avec le continent africain. Pour la deuxième année consécutive, après 2023, la province a été mise à l’honneur, avec la participation de 27 entreprises représentant des secteurs stratégiques tels que les énergies nouvelles et la fabrication intelligente. Depuis la première édition de 2019, le Hubei s’appuie sur sa position géographique centrale pour intensifier ses échanges avec l’Afrique. Cette plateforme internationale lui a permis d’élargir considérablement sa présence sur le continent, faisant de lui un acteur de premier plan de la coopération Chine-Afrique au cœur du pays. 

Des visiteurs testent des produits au pavillon du Hubei, le 15 juin. (HU FAN) 

Une rencontre fructueuse 

Lors du Salon de coopération économique et commerciale Hubei-Afrique, organisé le 12 juin en marge de l’EECSA, l’entreprise Hubei Kangnong Seed a signé un contrat portant sur l’exportation de 80 tonnes de semences de maïs vers l’Angola. Cultivées au Hubei, ces graines seront bientôt semées sur les terres africaines. Installée dans le district de Changyang (appartenant à la ville de Yichang), la société développe des variétés de maïs depuis deux décennies, notamment le « Kangnong n°2 »,  particulièrement prisé des agriculteurs locaux. « Nos semences étaient déjà exportées auparavant, mais surtout via des tiers. Ce contrat est notre première exportation que nous pilotons nous-mêmes », a expliqué Peng Yukan, directeur du département international, précisant que l’entreprise visait aussi le Ghana et le Nigeria. 

Dans le même secteur, la société Jingzhou Meimai prévoit d’investir plus de 10 millions de dollars en Zambie pour cultiver et transformer, sur 1 000 hectares, de la canne à sucre, du soja et des pommes de terre. Son directeur général, Wan Xinjin, entend mobiliser capitaux, savoir-faire et main-d’œuvre venus du Hubei. Une fois en activité, le projet pourrait générer jusqu’à 90 millions de yuans (12,5 millions de dollars) par an. 

Au total, huit projets ont été conclus par des entreprises du Hubei lors du salon, pour un montant cumulé de 1,07 milliard de dollars, couvrant l’agriculture, les mines et l’industrie. 

La coopération s’étend également à la modernisation des filières industrielles traditionnelles. L’entreprise Huaxin Cement a fait sensation en acquérant 83,8 % de Lafarge Africa PLC, au Nigeria, pour 980 millions de dollars. Elle ambitionne d’introduire des technologies de production respectueuses de l’environnement et d’étendre ses activités en Tanzanie, au Mozambique et au Zimbabwe. « Nous allons moderniser les usines existantes et contribuer au développement durable des infrastructures locales », a déclaré son PDG, Li Yeqing. 

Quant à Angel Yeast, acteur mondial de la levure et des biotechnologies, elle prévoit la construction d’une ligne de production d’améliorants pour pain en Algérie, avec une capacité mensuelle de 70 tonnes. « Nous couvrons désormais quasiment tout le continent africain », a fait part Liu Yaochun, responsable régional pour le nord-est de l’Afrique, soulignant le rôle de l’entreprise dans le renforcement de l’industrie agroalimentaire locale. 

L’événement comprenait aussi un espace de rencontres B2B, réunissant 79 entreprises du Hubei et 70 sociétés africaines. 

Le pavillon du Hubei à la 4^e EECSA, d’une superficie de 252 m², exposait ses avancées dans les domaines du commerce, de l’industrie, des infrastructures, de l’agriculture et des échanges culturels. Il abritait également une présentation du Centre d’innovation Chine-Afrique, ainsi que des témoignages d’étudiants africains. 

Lors de sa première participation en tant que province d’honneur en 2023, le Hubei avait obtenu plusieurs milliards de dollars de commandes. Aujourd’hui, des projets majeurs comme la seconde phase du chemin de fer Mombasa-Nairobi ou le parc logistique frigorifique du port de Mombasa progressent rapidement. 

Une cliente africaine découvre les produits d’entreprises du Hubei lors de la 4^e EECSA, le 13 juin. (HU FAN) 

Une coopération innovante, une ambition élargie 

En 1963, le Hubei envoyait sa première équipe médicale en Algérie, posant les fondations de six décennies de coopération avec l’Afrique. Depuis, les liens n’ont cessé de s’étoffer, évoluant d’une aide ponctuelle vers des partenariats multidimensionnels dans les domaines de l’ingénierie, de l’agriculture, du commerce et de l’investissement. 

Selon le Département des sciences et de la technologie du Hubei, l’innovation constitue désormais l’un des piliers de cette coopération élargie. S’appuyant sur une stratégie dite des « grands projets d’infrastructure + modernisation industrielle », le Hubei a bâti un modèle d’investissement pragmatique. À ce jour, les entreprises de la province mènent 311 projets en Afrique, pour un montant total de 33,18 milliards de dollars. Sur les seuls quatre premiers mois de 2025, elles ont signé 1,05 milliard de dollars de nouveaux contrats et généré 820 millions de dollars de chiffre d’affaires, en hausse de 72,2 % sur un an.  

Parmi les projets emblématiques figure la centrale hydroélectrique de Caculo Cabaça, en Angola, construite par China Gezhouba Group. À son achèvement, elle assurera plus de 50 % de la production d’électricité du pays, tout en créant jusqu’à 6 000 emplois locaux. 

Dans l’agriculture, le Hubei mise sur le transfert de compétences. En 2007, il a fondé la Ferme d’amitié Hubei-Gaza, au Mozambique, devenue le premier centre chinois de démonstration technologique agricole en Afrique. Semences, mécanisation, conseils techniques et production sous contrat contribuent à la modernisation du secteur. « Le Hubei ne fournit pas que des capitaux ou des machines. Il forme aussi des talents locaux », a salué Maria Manuela dos Santos Lucas, ministre mozambicaine des Affaires étrangères et de la Coopération. 

L’élan se poursuit. En mars dernier, une délégation du Malawi s’est rendue chez Edgene Biot, à Wuhan (chef-lieu du Hubei), pour s’informer sur la sélection végétale par biotechnologie. L’entreprise, déjà active au Mozambique et en Angola, prévoit d’introduire au Malawi des cultures résistantes à la sécheresse comme le riz pluvial, le sorgho et le sésame, et a signé un accord avec l’Université d’agriculture et des ressources naturelles de Lilongwe pour développer la recherche, la formation et la commercialisation. « Nous espérons introduire des techniques d’édition génétique pour améliorer les capacités locales de sélection végétale au Malawi, tout en aidant leurs produits agricoles à accéder au marché chinois », a indiqué Zou Hongfeng, vice-président de l’entreprise. 

Les échanges entre le Hubei et l’Afrique ont atteint 16,34 milliards de yuans (2,3 milliards de dollars) entre janvier et avril 2025, en hausse de 10,7 %. Le Hubei exporte véhicules, équipements électromécaniques et textiles, et importe ressources minières, huiles essentielles et objets d’art. 

Symbole de cette dynamique : le 24 mai, un vol cargo d’Ethiopian Airlines a livré 66 tonnes de café éthiopien à l’aéroport de Huahu (Ezhou), soit 5 millions de tasses. Plus rapide que le fret maritime, ce transport a permis une distribution en Chine dès le lendemain. Depuis l’ouverture de la ligne Ezhou–Addis-Abeba en 2024, 13 000 tonnes de marchandises ont été acheminées. Une plateforme logistique conjointe à Addis-Abeba réduit de 30 % les délais de l’e-commerce. 

La coopération industrielle, elle aussi, s’intensifie. En Afrique du Sud, la filiale de YOFC (Yangtze Optical Fibre and Cable Joint Stock Limited Company) fabrique désormais des câbles optiques localement, renforçant les infrastructures télécoms du pays. En 2023, son chiffre d’affaires y a atteint 116 millions de yuans (16 millions de dollars).  

Nombre d’entreprises du Hubei exportent ainsi technologies de pointe et savoir-faire en gestion, approfondissant les liens sino-africains. « Nous souhaitons renforcer nos collaborations dans des domaines clés comme l’industrie manufacturière avancée, l’agriculture moderne, le numérique, l’intelligence artificielle et les énergies nouvelles, afin de stimuler ensemble de nouveaux moteurs de développement », a déclaré Long Xiaohong, directeur du Département du commerce de la province.